Lobbies de l’alcool
Une influence délétère au cours du précédent quinquennat
A l’aube du second quinquennat d’Emmanuel Macron, Addictions France publie son 5ème rapport sur les pratiques des lobbies de l’alcool en France. Ce rapport retrace l’influence qu’ils ont exercée sur la politique de santé au cours de ses cinq premières années de présidence.
Pour la 5ème année consécutive, Addictions France publie son rapport annuel d’observation des pratiques des lobbies de l’alcool. En cette année électorale, ce rapport s’intéresse à l’ensemble la période 2017-2021, un quinquennat marqué par une influence sans précédent de l’industrie de l’alcool sur la politique de santé publique.
Une mauvaise foi à toute épreuve
Ce rapport montre comment plusieurs sujets phares ont été traités durant cette mandature, du débat sur l’étiquetage et l’information des consommateurs aux différentes tentatives d’affaiblissement de la Loi Evin. Plus préoccupant encore, leur présence au cœur du pouvoir leur a permis d’être considérés par l’Elysée comme des acteurs de prévention légitimes alors même qu’ils ont systématiquement repoussé la mise en œuvre de mesures de prévention efficaces.
Les négociations pour améliorer la visibilité du pictogramme femme enceinte, lancées dès 2017 par l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, n’ont ainsi jamais abouti. Sur le plan de la fiscalité, l’extension d’une taxe aux prémix à base de vin (boissons type rosé sucette ou rouge cola) a fait l’objet d’une bataille intense alors qu’elle n’avait pour objet que de protéger les jeunes en rendant moins accessibles ces vins bas de gamme, souvent étrangers, et bourrés de sucres.
Une lobbyiste du vin à l’Elysée
Le rapport met également en lumière la proximité des acteurs du lobby alcoolier avec les responsables publics, du Président de la République en passant par les différents membres du Gouvernement. Il montre comment les stratégies déployées permettent de brouiller les cartes quant aux risques réels associés à la consommation d’alcool avec, pour objectif, la désinformation du grand public. Il souligne également l’incohérence de la politique gouvernementale entre une diabolisation du cannabis et une survalorisation irresponsable de l’alcool.
Alors que l’alcool est la 1ère cause d’hospitalisation en France et responsable de 41 000 décès, Addictions France rappelle que des mesures efficaces peuvent être mises en place. Ne manque que la volonté politique pour y parvenir. L’association invite le nouveau Gouvernement à changer de braquet et à mettre en œuvre sans plus attendre une politique ambitieuse et transversale sur les addictions (lire notre dossier de plaidoyer).