Hard Selzers et loi Evin : la campagne d’affichage sauvage de Snowmelt condamnée
Paris, le 19 décembre 2023
Alertée par des citoyens parisiens en colère face à la prolifération d’affiches sauvages vantant les mérites de Snowmelt, une eau gazeuse alcoolisée dite Hard selzer venue des Etats-Unis, Addictions France avait porté les faits devant la justice. Le 12 décembre, le tribunal correctionnel a rendu son verdict1 : un alcool ne peut pas être présenté de façon ambiguë comme pouvant être bon pour la santé.
La loi Evin, au soutien de la lutte contre l’affichage sauvage
L’affichage sauvage (c’est-à-dire hors panneaux prévus à cet effet) est une pratique régulièrement dénoncée par les associations défenseuses de l’environnement qui déplorent un arsenal législatif inadapté pour sanctionner et l’absence de prise en compte du problème par les autorités. Conséquence, le phénomène prospère avec des agences publicitaires qui en font même leur fonds de commerce, allant même jusqu’à collaborer avec des marques d’alcool. C’est ce qui s’est produit avec la marque Snowmelt distribuée par la société Cobex en France : au printemps 2021, les murs d’immeubles et de commerces privatifs se sont vu recouvrir d’une nouvelle campagne pour les hard-selzers alors en pleine tentative de conquête du marché français, à grand renfort de marketing.
Le Health washing face au mur de la loi Evin
On a ainsi vu fleurir des mentions telles que « LOW ALCOHOL » « LOW CALORIES » « LOW SUGAR* » « 5% VOL. ALCOOL », « 100 KCAL/CANETTE » et « SANS GLUTEN » ou « RESTART SLOWLY. DRINK RESPONSIBLY ».
Pour Franck Lecas, responsable du pôle politiques publique à Addictions France, « la marque d’alcool surfe clairement sur la tendance healthy-bien-être et veut minimiser l’impact néfaste de l’alcool sur l’organisme, voire faire du produit un atout minceur. C’est totalement absurde et fallacieux puisque l’alcool fait grossir et est par ailleurs la deuxième cause de mortalité en France (42000 décès évitables) »
Le juge n’a pas été dupe : non seulement certaines références ne se rapportent pas directement à ce qu’autorise le code de la santé qui limite la publicité à des éléments objectifs, mais surtout elles pouvaient être perçues par le public comme une incitation paradoxale à consommer davantage d’alcool tant celui-ci est présenté comme anodin. En conséquence, même si certaines de ces mentions se rapportent à la composition et au degré volumique, leur sens s’en trouve détourné. L’ensemble devient une incitation au « boire », ce que prohibe la loi Evin encadrant la publicité mais aussi la propagande en faveur des boissons alcooliques.
Snowmelt (Cobex) hors jeu, les complices condamnés
Dans le monde du marketing des addictions, rares sont ceux qui assument leurs responsabilités devant le juge. Dans cette affaire, la société Cobex (Snowmelt) en liquidation judiciaire, ne s’est pas présentée à l’audience. La société Altavia Disko, qui en tant qu’agence de publicité a participé à cette campagne d’affichage sauvage, a en revanche été condamnée à une amende de 5000€ avec sursis pour complicité de publicité illégale pour les boissons alcooliques.
On peut encore une fois regretter la clémence du juge, mais on notera néanmoins avec satisfaction que la loi Evin reste efficace pour lutter contre un marketing agressif et décomplexé au soutien d’un produit faussement indolore, le hard-selzer.
À PROPOS D’ASSOCIATION ADDICTIONS FRANCE : Fondée en 1872 par Louis Pasteur et Claude Bernard, Association Addictions France est reconnue d’utilité publique et agréée d’éducation populaire. L’association intervient au plus près des populations sur toutes les addictions. Elle est également force de proposition pour faire évoluer les opinions et la législation.
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