Le « binge drinking »
Les jeunes en quête d’ivresse
Le binge-drinking, la tendance qui consiste à s’alcooliser fortement en un temps record, est une pratique désormais installée chez les jeunes. Mais les risques associés à ce mode de consommation sont encore trop méconnus.
On observe ces dernières années une baisse encourageante de la consommation d’alcool en population générale et chez les jeunes. Cependant, un phénomène a pris de l’ampleur et reste particulièrement préoccupant : il s’agit du « Binge-drinking » ou biture express, une pratique dangereuse et très prisée des adolescents.
Qu’est-ce que le binge-drinking ?
Le binge drinking, littéralement « beuverie express », est un terme anglo-saxon qui désigne ce que l’on appelle en français « API » (alcoolisation ponctuelle importante), c’est-à-dire la consommation d’au moins 5 verres d’alcool standards en une seule occasion et dans un laps de temps très court. Il s’agit d’un mode de consommation ponctuel, rapide et en grande quantité, avec le but généralement recherché de s’enivrer et de bénéficier des effets désinhibiteurs de l’alcool, le plus souvent en groupe.
Très répandue chez les jeunes, cette tendance est préoccupante car si l’alcool peut représenter un facteur de sociabilisation et d’appartenance à un groupe, en particulier pour les adolescents, le binge-drinking s’installe, d’après l’OFDT [1], comme un comportement lié à une norme sociale adolescente, un rite initiatique en voie de banalisation.
Quels sont les risques ?
Le binge drinking présente de nombreux risques pour la santé, à la fois à court terme et à long terme. Les effets immédiats incluent une diminution des capacités cognitives, une altération du jugement, des comportements à risque mettant en danger autrui et soi-même, avec un risque accru de blessures, de violences et d’accidents.
À plus ou moins long terme, la consommation excessive d’alcool peut entraîner des problèmes de santé tels que des maladies du foie, des troubles cardiovasculaires, des troubles mentaux et des dépendances. Les substances psychoactives, et notamment l’alcool, peuvent entraîner des dommages irréversibles sur le développement de certaines parties du cerveau, en maturation jusqu’à l’âge de 25 ans.
Une initiation précoce à l’alcool, associée à une consommation dépassant les repères de consommation, constitue des facteurs de risque favorisant la dépendance à l’âge adulte ainsi qu’une grande série de troubles psychologiques et comportementaux associés.
« La baisse de la consommation d’alcool chez les jeunes ne doit pas faire ignorer les problèmes persistants liés à l’abus d’alcool. Informer sans culpabiliser ni banaliser, il est du devoir des acteurs de la santé et de la prévention de mettre en évidence ces risques .»
Bernard Basset, président d’Addictions France
Les risques et les conséquences immédiates sont souvent méconnues des jeunes, qu’ils consomment de manière régulière ou occasionnelle. Si des conseils de réduction des risques peuvent être utiles pour limiter sa consommation (par exemple, boire de l’eau entre deux verres d’alcool, manger de façon consistante avant ou après une soirée), ils ne préviennent en rien les effets néfastes d’une alcoolisation massive et express. Si boire des verres d’eau peut inciter à espacer les consommations d’alcool, c’est la quantité d’alcool consommée et sa banalisation au cours des soirées qui produit les phénomènes d’ivresse.
Des jeunes trop exposés et incités à consommer
Il est important de souligner que le binge drinking, et plus largement la consommation excessive d’alcool, est un problème complexe qui ne peut être résolu par une approche unique. La lutte contre ce phénomène représente un défi qui nécessite une approche globale. Les dernières études publiées par Addictions France montrent que la tolérance sociale vis-à-vis de l’alcool, compromet la santé des jeunes. Les premières initiations en famille, à l’âge de 14 ans en moyenne, le non-respect de l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs ou encore l’omniprésence de la publicité pour les marques d’alcool dans l’espace public (à proximité des écoles) et sur les réseaux sociaux sont typiques d’un environnement qui expose tous les publics et en particulier les jeunes à la valorisation de la consommation d’alcool et aux abus qui en découlent.