Régulièrement, Addictions France donne la parole aux professionnels qui œuvrent au quotidien pour améliorer la santé des personnes confrontées à des problématiques d’addiction. Entretien avec Salomé Maisonneuve, Chargée de prévention et de formation pour Addictions France dans l’Ille-et-Vilaine.

 

Comment décririez-vous votre métier ?

C’est un métier riche avec des actions diverses qui couvrent les interventions de prévention et de sensibilisation, l’organisation d’ateliers autour des thématiques liées à l’addiction. La formation représente un pan important de mes missions : création de programmes, animation… Au-delà des modalités d’intervention, dans ce métier, on rencontre des publics très variés. On travaille avec toutes les tranches d’âge, en milieu scolaire, en entreprise, en chantier d’insertion, dans les ESAT, et en milieu festif. Il y a de la diversité à tous les niveaux.

Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?

Que cela change tout le temps. L’addictologie nous permet d’explorer plein de choses : la santé en général le sommeil, le rapport aux autres, les émotions. La richesse se traduit aussi parce qu’il n’y a pas une journée où je fais la même chose.

Pourquoi avoir choisi cette voie ?

Je suis d’abord arrivée en tant que bénévole dans l’association. En Bretagne, il existe un collectif qui s’appelle « L’orange bleue ». Il s’agit d’un collectif de prévention et de réduction des risques en milieu festif. C’est comme ça que j’ai connu Addictions France. La thématique du risque m’intéressait : comment les personnes se situent-elles par rapport aux risques ? Comment travaille-t-on avec les personnes qui sont susceptibles de prendre des risques ? J’apprécie également le fait de pouvoir parler de sujets souvent tabous (la consommation de drogues, le rapport à différents produits) et de laisser un espace de parole parfois mis de côté ailleurs. Après cette expérience en tant que bénévole, j’ai réalisé un service civique puis j’ai été embauchée en tant que salariée.

A quoi ressemble une journée type ?

Au quotidien, mon activité principale est le partenariat. J’élabore des projets avec et pour les structures avec qui nous collaborons, j’interviens sur site. On se déplace beaucoup, en entreprise, en structure d’insertion, en ESAT, dans des collèges… On a aussi beaucoup de temps d’échange, l’essentiel de notre métier est de toujours être au contact des personnes, d’avoir des temps de discussion. Il y a aussi des temps administratifs, de préparation, de bilan…

Quelles compétences sont essentielles à ce métier ?

D’un point de vue professionnel je dirais l’adaptabilité. On doit toujours s’adapter aux missions, aux publics, aux thématiques. Je pense que c’est important d’avoir aussi un esprit curieux et critique, parce qu’on est obligé de se mettre tout le temps à jour de nos connaissances (des informations, de l’actualité, de la loi). Ça demande d’être passionné par la thématique car notre travail tourne autour de ce sujet principal : les addictions. À la base de la prévention il y a aussi des qualités humaines : bienveillance, non jugement bien sûr, être dans l’écoute et avoir une ouverture d’esprit sur des modes de vie et pratiques variés.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontée ?

Comme nous rencontre des publics différents, il faut savoir « jongler » entre des profils variés. Par exemple, cette semaine j’animais une formation dans le cadre d’un « stage justice » avec des personnes condamnées pour des faits liés à l’alcool. Il faut s’adapter aux personnes que nous avons en face de nous.

Il faut aussi être tout le temps à jour de ses connaissances : lorsqu’on anime une formation sur la législation autour du cannabis, c’est important d’être au clair sur le CBD, les drogues de synthèse, connaitre l’actualité, les nouveaux textes de loi… Comme Addictions France est aussi un organisme de formation certifié Qualiopi. Nous devons respecter certains critères pour l’élaboration de nos programmes.

Est-il important d’exercer ce métier au sein d’une association spécialisée dans le médicosocial ?

Oui, c’est bien qu’une association porte tout cela. En revanche, c’est dommage que les acteurs de la prévention manquent de reconnaissance. Il y a aujourd’hui une proportion de salariés du médico-social plus importante dans les centres. Les professionnels de la prévention ont été exclus des revalorisations salariales du secteur. Le fait qu’on soit une association nationale est important selon moi car il existe une culture associative et nous portons des valeurs qu’on ne trouve pas nécessairement dans d’autres secteurs. On est tous et toutes sous le même étendard.

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